Sunday, November 22, 2009

Léon Vérane

As an aside from the Contrerimes, here are two more translations of Vérane. Both poems are from his volume Bars, published in Toulon in 1923. Ths first is called, simply

BAR

Parmi les nickels et les glaces
De ce bar où l’alcool est roi,
Pauvre homme tu caches ta face
Sous la grille de tes dix doigts.

Une liqueue flambe et rutile
Dans ton verre et son parfum dur
Evoque de lointaines îles
Incrustant une mer d’azur.

Mais que t’importent les Antilles,
Leurs lianes et leurs palmiers
Et le morne où de rouges filles
S’éventent sous les girofliers?

Autre que les buveurs vulgaires,
Toi, tu n’accoudes au comptoir,
Parmi les flacons et les verres,
Que le poids de ton désespoir.

Et nulle ivresse ne peut faire
Que s’efface enfin de tes yeux
Ce corps souple et blanc dont s’éclaire
Le divan aux coussins soyeux,

Ce corps où tu voudrais inscrire,
A la fois martyr et bourreau,
Et ta détresse et ton délire
Avec la pointe du couteau.


Where nickel and glass mingle
in this bar where alcohol reigns,
behind the grid of your ten fingers,
poor fellow, you hide your pain.

A liqueur flames and gleams
in your glass and its heavy must
evokes an azure sea
that distant isles encrust.

But what do you care for the Antilles
their lianas and palm tree groves
where the redheads on the hills
fan themselves under the cloves?

Unlike the common drinkers
you lean heavily, elbows on bar,
among the flagons and clinkers
weighing only your despair.

And drunkeness alone can erase
definitively from your sight
this supple white body that the chaise
with its silk cushions makes bright,

this body you would make an engraving,
at once sadist and game
of your distress and your craving
with the point of a skean.

Le Diable au Bar

Les alcools fleurissaient les verres à facettes
Et le zinc lumineux semblait un reposoir.
Je trouvais au patron une figure honnête,
Un nerf de bœuf était derrière le comptoir.

Les flacons arboraient d’étranges étiquettes,
Une fille faisait ses lèvres au miroir.
L’aveugle sur le seuil, d’une aigre clarinette
Aggravait à dessein la descente du soir.

Des marins qui n’étaient inscrits sur aucun rôle
Troquaient pour un peu d’or de maigres perroquets
Ou des singes pelés juchés sur leur épaule
Et les barques s’entrechoquaient le long des quais.

Alors au ciel monta la lune lente et plate
Qui fait hurler en chœur les déments et les chiens
Et le Diable vêtu d’un chandail écarlate
Pénétra dans le bar et dénombra les siens.


THE DEVIL AT THE BAR

The drinks bloomed in the cut glass,
And the polished zinc was an altar,
I thought the patron had an honest face,
Though a cosh was behind the counter.

Each flagon bore a strange label,
A girl fixed her lips in a glass on the wall,
A blind man leaning on the gable
Squeaked his clarinet toward nightfall.

The sailors who were not on deck,
Bartered scrawny parrots for little tender,
Or bald monkeys perched at their neck,
At the quay the boats bumped their fender.

The flat, slow moon rose in the sky
Making dogs and lunatics moan,
And the Devil, in a scarlet guernsey
Arrived, took account of his own.

1 comment:

  1. Can you tell me more about Vérane? Thank you for translating these poems!

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