Monday, November 9, 2009

Contrerime VI

I have skipped Contrerimes IV and V as I have yet to succeed in putting them into a reasonable verse format. While verse in translation should keep as faithful as possible to the original metrical structure, I don't believe that it is possible to emulate Toulet's strict format in English for every poem. The contrerime verse consists of four lines, long line / short line / long line / short line, rhyming the "wrong way" - ABBA, not ABAB as you would expect, hence the contrerime. The long line consists of eight syllables, the short of six. I have not attempted to maintain the syllabic length, but I do strive to keep the long/short, long/short format, and the ABBA rhyme-scheme - but I do succumb to ABAB when I'm at my wit's end!

Il pleuvait. Les tristes étoiles
Semblaient pleurer d' ennui.
Comme une épée, à la minuit,
Tu sautas hors des toiles.

- Minuit ! Trouverai-je une auto,
Par ce temps ? Et le pire,
C' est mon mari. Que va-t-il dire,
Lui qui rentre si tôt ?

- Et s' il vous voyait sans chemise,
Vous, toute sa moitié ?
- Ne jouez donc pas la pitié.
- Pourquoi ? ... doublons la mise.


Translation:

It was raining. The stars, in a word
Seemed bored to tears.
At midnight, you leaped like a sword,
Enveloped in fears.

Midnight! Will I find a taxi
At this hour? There'll be a row
With my husband, faced with the facts he
Can’t deny now?

- And seeing his better half naked,
There in her skin?
- Don't pretend pity or fake it.
- Why not? Let’s do it again!

Daniel Aranjo has written a two-volume work on Toulet, in which he comments extensively ( and very deeply) on some of the Contrerimes. This is what he has to say about Contrerime VI:

Des conversations entières vont pouvoir nous apparaître peu à peu comme toutes diffèrentes de ce qu’elles semblaient d’abord . Ainsi ce sont des pans entiers de banalité, de réalité quotidienne, qui, transfigurés par la lumière des formes fortes, vont luire d’une phosphorescence inattendue.

Admirable neutre du langage courant: le pire (ce qu’il y a de pire/ « C’est mon mari », que Toulet souligne pour mieux en prolonger l’inquiétude, et l’accent (et la rime) ; pour mieux en laisser vibrer l’ironie – affecteuse ironie, opérée complicement avec le lecteur, aux dépens de cette oublieuse et volupteuse compagne. Ironie grammaticale de cette disparate entre le neutre, et l’imprévu masculin (et lequel !) dont ce neutre se révèle : on ne sait trop quoi ; peut-être le sujet réel, peut-être l’attribut par anticipation. …Le poème-conversation peut donc supposer beaucoup d’art : et beaucoup d’attention aux plus délicieuses surprises, même syntaxiques, du langage courant.

(Daniel Aranjo: Paul-Jean Toulet. La Vie - L'Oeuvre - L'Esthétique. Two Vols, Marrimpouey, Pau, 1980 - still available from the author, or search eBay.fr)

1 comment:

  1. Toulet oui, l'ami de Debussy, jusqu'à la fin (Debussy n'en eut pas tant que ça)... Il y a même une ressemblance physique étrange entre les deux hommes je trouve - regardez le Debussy jeune "Prix de Rome" par exemple. Même visage, même regard. Quand bien l'on raserait les deux figures...

    Je me rappelle certaine lettre adressée à Toulet par Debussy - tout à la fin, 1917. Nulle pirouette d'humour, mais une mélancolie vraie ; une tristesse réelle de voir son ami désormais installé à Guéthary, dans ce qu'il appelle une retraite, et déplore comme une "fuite" de Paris.

    Voici quelques notes d'une musique malgré tout souriante, ou presque, et surtout le bref commentaire que vous trouverez sous l'image
    (ironie et pudeur font souvent bon ménage) :

    http://www.youtube.com/watch?v=yYZYaQ5J3uY

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